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La Société des musées du Québec interpelle les partis politiques sur les enjeux de financement des musées

Questions politiques / 17 mars 2014

Dans le contexte de la présente campagne électorale, la Société des musées du Québec (SMQ) invite les partis à faire connaître leur position quant aux enjeux de financement auxquels font face les institutions muséales du Québec.

Depuis de nombreuses années, la SMQ réclame un soutien financier accru de la part du gouvernement du Québec et plus spécifiquement du ministère de la Culture et des Communications (MCC). C'est notamment en poursuivant cet objectif que la SMQ a accepté, en janvier 2013, l'invitation du ministre de la Culture et des Communications, M. Maka Kotto, de collaborer à la mise sur pied d'un groupe de travail indépendant devant proposer des solutions à court, moyen et long termes pour résoudre la crise qui perdure au sein du réseau muséal. Le mandat confié au groupe de travail présidé par M. Claude Corbo, et défini par le MCC en collaboration avec la SMQ, incluait la question du financement public.

Le 5 novembre 2013, le Groupe de travail sur l'avenir du réseau muséal québécois rendait public son rapport comportant 61 recommandations. La SMQ a accueilli ce rapport favorablement, ce dont elle a fait part au ministre Kotto, tout en formulant quelques réserves et en soulevant un certain nombre d’objections (voir l'Enjeux numéro 21, janvier 2014). Un des éléments très positif du rapport demeure la reconnaissance de l'importance des rôles que jouent les institutions muséales sur les plans social, éducatif, économique et touristique. Le Groupe reconnaît également qu'à titre de porteurs de mémoire collective et de cohésion sociale, ces institutions souscrivent pleinement aux grands enjeux de société tels que la préservation du patrimoine culturel et le développement durable. Le Groupe de travail affirme clairement que pour accomplir pleinement leurs missions, les institutions muséales devront bénéficier d'un plus grand financement. Conséquemment, il formule plusieurs recommandations incitant le gouvernement à accroître son soutien financier au réseau muséal québécois. Pour sa part, le président de la SMQ, Pierre Landry, a réitéré publiquement au ministre Kotto, le 26 février dernier, la nécessité d'obtenir plus de crédits pour les musées, alors que celui-ci présentait son plan d'action aux membres de la SMQ. Les paroles de M. Landry faisaient écho aux questions soulevées par ces derniers devant l'absence d'indices clairs à cet égard.

Dans ce plan d'action, le ministre réaffirme fort pertinemment sa volonté de faire de la muséologie québécoise une priorité gouvernementale. Afin d'atteindre cet objectif, il entend créer, dans les prochains mois, une table interministérielle des affaires muséales. Les cinq autres orientations sur lesquelles repose le plan d'action sont :

  • le mécanisme d'agrément (et l'élaboration d'une nouvelle typologie pour les institutions muséales);
  • la révision du programme Aide au fonctionnement pour les institutions muséales (PAFIM) d'ici avril 2015;
  • la mise en place de travaux de concertation sous la présidence de M. Claude Corbo dans toutes les régions du Québec, dès le printemps 2014;
  • l'élaboration d'un projet de loi sur les institutions muséales;
  • la création d'un nouveau volet du Fonds du patrimoine culturel québécois consacré aux expositions permanentes et itinérantes, ainsi qu'à leur adaptation au numérique (5 M$, sur 2 ans).

Au cours des prochains jours, la SMQ communiquera avec chacun des partis afin de connaître leur intention en ce qui concerne le redressement du financement du réseau muséal québécois. Alors qu'elle accueille favorablement les recommandations du Groupe de travail touchant l'ensemble des questions financières, la SMQ précise que les augmentations proposées spécifiquement pour le PAFIM, soit environ 11 M$ (portant l'enveloppe actuelle de 17 M$ à 28 M$, à compter de 2015-2016), tout en étant signifiantes, sont insuffisantes en regard des besoins à combler et des retards à rattraper. La SMQ évalue qu'il faudrait que le budget de ce programme passe non pas à 28 M$, mais à 38 M$. Il y a donc un écart de 10 M$ entre l'évaluation de la SMQ et celle du Groupe de travail. Contrairement au Groupe de travail, la SMQ croit également que les regroupements régionaux de musées devraient bénéficier d'un soutien financier récurrent. Depuis de nombreuses années, ces organismes jouent un rôle structurant dans le réseau muséal, en offrant des services à leurs membres, en facilitant les échanges d'expertise, en œuvrant à des stratégies communes, etc. De plus, il est pressant qu'à court terme, soit dès 2014-2015, des crédits supplémentaires soient injectés afin de colmater les brèches financières d'un réseau en perte de vitesse (indexation rétroactive à l'Indice des prix à la consommation (IPC) aux institutions recevant déjà de l'aide au fonctionnement, mesure transitoire pour les institutions reconnues non soutenues). Nonobstant les 5 M$ (sur 2 ans) prévus au budget pour la réalisation d'expositions permanentes et d'expositions itinérantes, force est de reconnaître qu'il en faudra davantage pour répondre aux besoins du milieu. Rappelons que le Groupe de travail propose un ensemble de recommandations qui, échelonnées sur 5 ans, représentent des investissements supplémentaires de près de 40 M$.

Par ailleurs, la stratégie culturelle numérique présentée par le ministre Kotto, le 3 mars dernier, devrait inclure un soutien à juste hauteur pour permettre aux institutions muséales de prendre le virage numérique en matière de numérisation des collections ainsi que de développement d'outils de médiation et de diffusion de contenus muséaux.

La consolidation et la relance du réseau muséal exigent d'augmenter de façon significative le financement des institutions muséales. La SMQ évalue qu'il faudrait investir minimalement 50 M$ de crédits supplémentaires au cours des prochaines années. Elle encourage ses membres à sensibiliser leurs députés aux enjeux des institutions muséales pendant la campagne électorale.

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